Le système scolaire financé à plus de 80% par les ménages

« Les investissements publics, c'est-à-dire ceux effectués par l’État dans le système éducatif en Haïti représentent seulement 20%. De leur côté, les familles se chargent du financement de la scolarité de leurs enfants au moins à 80% », a affirmé Nesmy Manigat, économiste et ancien titulaire du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENF), au cours de sa participation à l’émission L’Economique sur Radio Sans Fin (RSF).

C’est une situation à redresser, précise l’ancien ministre, puisque Haïti est l’un des rares pays où l’offre scolaire est assurée à 80% par des acteurs privés. « Dans le dernier budget, l’enveloppe allouée à l’éducation représentait entre 20 et 21 milliards de gourdes, soit 300 millions de dollars américains pour un univers scolaire de 3 à 4 millions d’écoliers. Quand on sait que la scolarisation d’un enfant coûte environ 90 dollars américains par an », a indiqué Nesmy Manigat.

« Même quand l’État haïtien affecte tout le budget à l’éducation, cela n’empêche pas Haïti d’être le pays où les dépenses publiques consacrées au système éducatif restent les plus faibles au niveau de toute la région », a soutenu l’ancien ministre de l’Education, précisant qu’il est difficile de dissocier l’éducation de la réalité économique.

L’économiste a recouru aux études les plus récentes pour souligner le poids des dépenses scolaires sur le revenu des ménages. « 40% des revenus des familles les plus pauvres sont alloués à l’éducation », a fait savoir l’économiste Nesmy Manigat, soulignant que l’éducation fait partie du secteur économique.

L’économiste a remis en question certaines dépenses effectuées dans le système éducatif haïtien. Il a énuméré quelques dépenses qui ne servent pas vraiment au cours de l’apprentissage mais plutôt à la bureaucratie ou en raison de certaines contraintes sociales.

« Haïti était l’unique pays au monde à décerner quatre diplômes d’État à un écolier. C’est le Trésor public et les parents qui couvrent les dépenses que nécessitent les évaluations établies pour décrocher ces diplômes », a dénoncé l’ancien ministre qui avait procédé à l’élimination des examens de sixième année fondamentale et du baccalauréat pour les élèves en classe de rhéto.